Je sais bien qu’aujourd’hui nous aurions dû parler de choses sérieuses… Je suis venue avec mon petit cartable de business-women, en tailleur-escarpins assortis, les cheveux sagement emprisonnés dans un chignon banane, et je m’installe à la petite table de réunion qui jouxte ton bureau, les deux jambes bien croisées sous le plateau. Il faut que le site internet soit prêt pour la semaine prochaine, lorsque les acheteurs d’art, amateurs ou professionnels, recevront le carton d’invitation du salon d’art contemporain. Pour toi, c’est le lancement officiel, le moment où tu vas exposer, au sein même du salon, mais aussi sur ces pages web, aux yeux du monde entier, les œuvres que tu as décidé de vendre, celles qui, dans ta collection désormais conséquente, ne sont plus destinées à orner les murs blancs de ton grand appartement… J’y travaille depuis presque trois mois, presque jour et nuit, coordonnant photographes, webmestre et designer pour peaufiner dans le détail chacune des pages, en faire l’écrin précieux des tableaux et photos d’art qui y sont présentées. Nous avons consulté des centaines de sites, à nous en brûler les yeux, pour y glaner les meilleures idées, mais surtout pour trouver comment nous en démarquer : celui-là ne doit ressembler à aucun autre, il doit marquer l’œil de chaque visiteur, inviter au retour, laisser son sceau dans les mémoires. Pour moi aussi c’est important : cette première réalisation signée de mon nom sera ma carte de visite, la première référence à présenter pour séduire mes futurs clients, pour apporter la preuve de mon savoir-faire.
Alors je lâche l’ourlet de ma jupe, la fais tourner autour de ma taille, dégrafe la ceinture, et laisse ondoyer mes hanches pour la faire glisser au sol. Comme tu la suis des yeux, je la ramasse prestement, la fais danser sous ton nez, puis la dépose comme un rideau de scène devant l’écran de l’ordinateur. Tu me jettes un regard de biais. Non, tu ne te rends pas. Mais je ne veux pas me rendre non plus… Je concentre toute l’énergie de ce désir qui m’inonde pour en restituer l’intensité dans chacun de mes gestes, que je voudrais parfaits… Je regrette en cet instant de n’avoir jamais fait de danse… Je sais que je manque de grâce. Je tente de rassembler toute celle que j’ai pour ôter ma veste en tournoyant, déboutonner ma blouse de soie, t’en frôler les joues au passage avant de l’envoyer voler vers le petit canapé. Tu fermes les yeux un instant, c’est bon signe, mais tu les rouvres aussitôt, et tente d’attraper mon poignet. Ton regard dit encore, quoique plus faiblement : « Allons, sois raisonnable, nous avons du travail. » Au lieu de t’écouter, je dépose dans ta main encore tendue vers moi mon soutien gorge, qu’avec un petit soupir tu laisses glisser sur ta cuisse. Je ne t’ai jamais vu résister aussi longtemps, et mon cœur tremble un peu… Mais j’espère pas mon regard, que j'accroche solidement au tien en faisant lentement glisser ma petite culotte. Enfin, je vois briller dans tes prunelles la lueur qui m’annonce que tu capitules, et je te lance le petit morceau d’étoffe sombre. Comme mue par un réflexe, ta main le capture, et mon frisson de crainte se fait frisson de délice quand je te vois le porter à tes narines… Je te laisse le temps de retrouver l’odeur têtue de mon musc avant de m’approcher…
Je prends ta tête entre mes mains, la presse contre mon cœur qui bat avec force la mesure du désir que j’ai de toi, violent, ravageur comme jamais. Je ne sais pas si c’est le temps de l’absence, ou la peur que j’ai eue que tu n’y répondes pas qui l’aiguise, mais il souffle en tempête, et soudain tu l’entends, je le sens dans tes mains qui se crispent un peu sur mes hanches. Et je peux me laisser fondre dans la chaleur de ta peau, sous la caresse lente qui explore ma chair dénudée, sous ta bouche qui baise ma poitrine et mon ventre. Je te retrouve enfin, et je respire : je sais que je vais pouvoir étancher toute ma soif. Je ferme les yeux, et laisse planer l’instant. J’aime ce moment où je sais que je serai comblée, mais où rien ou presque n’est encore joué… Je ne sais pas encore quelle sera la partition du jour, ni si c’est toi ou moi qui l’écrirai. Tes doigts pincent légèrement ma taille, et j’ouvre les yeux. Tu me regardes, et je me dore à cette lumière qui brille comme le ciel derrière la fenêtre. « Tu m’as manqué, tu m’as tellement manqué » murmure ma voix. Alors tu te lèves, tu me serres dans tes bras, tu cueilles dans ta bouche la fin de mon murmure, puis c’est moi qui te mange, te tête la langue et les lèvres comme un bébé affamé le sein de sa mère. Mes mains sont devenues fébriles, et je te déshabille, sans presque jamais quitter ta bouche. Je tremble du bonheur de retrouver sous mes paumes la soie de ta peau, la souplesse de ta chair qui se laisse pétrir comme une argile docile. Corde vibrante partout où passent mes doigts, instrument magique où jouer ma petite musique et qui suit mon tempo… C’est peut-être ça qui me rend folle… Ou bien que tu mordilles l’ourlet de mon oreille en murmurant : « Dis-moi ce que tu sens. » Je sens ta main agile qui fouille dans ma toison, taquine mon bouton, s’infiltre dans mes plis humides, et toute ma chair est noyée dans ce fourmillement délicieux, qui va lentement s’amplifier, et qui tout à l’heure m’embrasera toute entière comme un buisson ardent… Ardent, c’est toi maintenant qui l’es, bandé comme un arc dans le creux de mon aine, pierre dure et douce et chaude contre cette peau intime et réceptive, pierre qui roule contre ma mousse qui se presse et tressaille de bonheur. Mes yeux se mouillent comme mon sexe. C’est mon orgueil, mon ineffable joie, de durcir cette chair, de lui donner vie, de lui donner envie, de recommencer chaque fois, de la connaître comme la mienne, sans que pourtant elle se lasse. Est-ce que toujours je saurai produire ce miracle ? Pour l’heure en tous cas il se produit, et rien d’autre ne compte. Je veux t’enfouir en moi, t’arrimer à mon ventre, et je te pousse doucement, appuie ton dos contre la baie vitrée qui donne sur la mer. Quand j’ai des talons hauts, je suis à ta hauteur. Il me suffit de me hausser à peine sur la pointe des pieds, d’enrouler une jambe autour de ta hanche, de m’appuyer un peu sur tes épaules, et je peux t’engloutir… Je commence tout doucement, je veux que chaque millimètre de ma chair puisse déguster la tienne, je veux sentir intensément la douce brûlure de ton sang qui palpite sous la peau fine, faire se découvrir le gland moite et brillant, frémir au passage de son renflement dans mon anneau, et l’emmener jusqu’au fond de ma grotte secrète. Là, je presse ma toison contre la tienne, et je ne bouge plus. Tu bats au-dedans de moi comme un cœur affolé, répondant à mes étreintes souterraines. Mon corps tout entier est un tambour qui résonne. Et ma bouche se perd dans la tienne. Je laisse durer ce moment délicieux, où je me souviens que nous pouvons ne faire qu’un, et qui ne devrait jamais s’arrêter… Au bout d’un moment cependant j’ai envie de me balancer, lentement, et puis un peu plus vite, de m’arrêter soudain dans l’élan, de revenir un peu plus fort, d’écouter le rythme que tes mains impriment à mes fesses, de laisser cogner mon pubis contre le bas de ton ventre, et puis de faire une pause, pour ne pas me laisser emporter trop vite par cette sensation suave et violente. Je veux durer, jouer encore longtemps avec toi, jusqu’à en perdre le souffle, jusqu’à faire trembler mes cuisses sous l’effort. Je ne sais pas comment tu fais, mais tu sais quand mes muscles crient grâce et commencent à brûler, et tu m’emportes, accrochée à ton cou, jusqu’au bureau où tu me poses. Et là c’est toi qui peux jouer ton tempo. Fouille-moi bien pendant que je reprends mon souffle, que mes cuisses tétanisées se détendent, c’est ici ta demeure, je veux que tu la visites dans ses moindres recoins, que tu l’honores encore et encore…
Et puis tu viens boire à ma source, et chaque fois je crois que je vais défaillir et partir, mais tu sais où est la lisière, et tes yeux malicieux me sourient… et je te remercie de me savoir si bien. Nous décrétons une pause. Le thé a refroidi dans la théière, mais c’est sans importance, il nous désaltère. Bras dessus, bras dessous, nous revenons vers la baie vitrée, admirer la beauté du soleil flamboyant au ras des flots qu’il a déjà commencé d’embraser. J’adore cet appartement où nous pouvons communier avec la nature même en hiver, mélangeant nous aussi l’eau et le feu. La tête sur ton épaule, je délire sans doute encore, et te répète que je t’aime et je t’aime et je t’aime, bien au-delà de ce que je puis dire, même si je devais le répéter jusqu’à demain matin… Tu ris, et tu m’embrasses. Tu dis que tu veux bien tout cet amour, même si tu n’es pas sûr de savoir me le rendre, et je te demande si tu te moques… Tu dénoues mes cheveux, les rabats sur ma face pour cacher mes yeux rieurs, tu m’embrasses au travers. Et nous allons rouler sur le canapé, jouer encore… Nous mordiller comme des lionceaux, nous lécher comme des chats, nous caresser comme de la soie. Tu veux savoir comment je veux finir. Sous toi je veux gémir, et puis te faire jaillir, me laisser inonder et déborder, d’amour et de plaisir…
4 commentaires:
Salut Helene,
C'est super ton blog !
C'est toi dans le photo ?
Me voila ici : http://groups.yahoo.com/group/Cap_d_Agde_Naturist/
Bises & merci pour ton blog.
,-) non, je ne suis pas la fille de la photo, qui est l'un des modèles d'Aubade...
Merci pour tes compliments, à bientôt.
Ummm Helene,
>à bientôt.
mon rêve, mais comment.
( C'est moi le 1er commentaire, et le commentaire dans "Sauna" )
ps. Sauna est un bijou de la littérature érotique
moi: h_31tls@hotmail.com
Alors à bientôt ?
azhppgpvBonsoir.
Des mots justes, sensibles, très beaux.
Pour ceux qui ont la chance de vivre de grandes histoires d'amour et de passion, c'est se retrouver dans la vie, dans les yeux de quelqu'un d'autre.
Tant de délicatesse et de douceur, très rare.
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